Tous les salariés français ne sont pas égaux… face aux nouvelles technologies et aux nouvelles formes de travail. C’est ce que révèle l’étude menée par Citrix/One Poll auprès de 1500 salariés en France. Menée en décembre 2017, elle permet de permet de mettre en lumière les inégalités sur le terrain et les différences entre les salariés selon leur niveau hiérarchique dans l’entreprise et leurs qualifications. Des disparités inattendues malgré les voies de recours facilitées pour les salariés dans le cadre de la réforme du Droit du Travail. La généralisation pour les 6,7 millions de travailleurs français éligibles au télétravail est encore longue.
Télétravail : une culture d’entreprise encore timide
Au travers des résultats de l’étude nous apprenons notamment que pas moins de 3/4 des salariés interrogés n’ont pas l’opportunité de travailler à distance et le chiffre monte même à 85%, assurant qu’ils n’ont reçu aucune information de leur employeur suite au changement de législation. De plus, pour 1/3 des personnes interrogées, le télétravail n’est tout simplement pas un sujet abordé dans l’entreprise.
Outre l’inégalité d’accès selon l’entreprise pour une majeure partie des salariés, au sein même de celles qui ont mis en pratique des solutions flexible, un manque de transparence et d’accessibilité éclot selon le statut et les qualifications de chacun. Ainsi parmi les seniors/managers, 32% ont l’opportunité de travailler à distance, contre moins de 20% pour les non-cadres. L’accès est d’autant plus restreint pour les moins de 25 ans, qui indifféremment du poste qu’ils occupent, ne se le voient offrir que dans 14% des cas. Des disparités notamment dues au manque de confiance vis-à-vis du travail fourni par le salarié à distance. Une défiance hiérarchique bien connue qui va même jusqu’à déteindre sur les salariés qui parfois limitent eux-mêmes (12%) leur temps de télétravail par crainte de la perception négative de leur hiérarchie.
Si les réserves des employeurs portent uniquement sur la mesure du travail et la quantification de la productivité, il conviendrait de mettre en place des outils d’évaluation : mesure des résultats, décompte des heures… Or les résultats de notre étude mettent en avant toutes sortes de pratiques mais aucune ne prévalant et ne semblant trouver un écho général, les entreprises préférence in fine ne pas généraliser la pratique du télétravail.
Technologie et productivité : un couple en devenir
Si France Stratégie reconnait une augmentation de productivité de l’ordre de 22% grâce à plus de flexibilité dans le travail, facilité par un accès aux nouvelles technologies, dans la réalité la pratique est moins reluisante. En effet, si près de 80% des personnes interrogées voient un lien direct entre technologie et productivité, elles ne sont plus que 63% à considérer que les outils mis à leur disposition ont un impact sur leur travail au quotidien. Et 47% ne voient pas de changement dans leur productivité ces trois dernières années, malgré l’évolution des nouvelles technologies. Une fois encore, le rapport hiérarchique en entreprise influe directement sur les résultats. Ainsi ils ne sont que 59% contre 70% du management à penser que les technologies à disposition influent sur leur quotidien.
Ces disparités selon le statut du salarié dans l’entreprise peuvent notamment s’expliquer par la fébrilité ambiante face à plus de flexibilité dans le travail. Si la productivité est en partie due au fait de meilleures technologies, leurs effets ne pourront se mesurer que si dans les faits elles sont suivis par une innovation organisationnelle et la mise en place de nouvelles pratiques de travail.
Compétences et formation : clef de voute de la productivité
Enfin pour plus d’un tiers des répondants la productivité est avant tout liée à leur niveau de compétence et à l’évolution du contenu de leur poste indistinctement de l’âge ou de la position dans l’entreprise. Interrogé sur les principaux leviers de productivité aujourd’hui, 1/2 salarié répond sans ambages la formation notamment chez les 25-34 ans qui place ce besoin comme le plus important. Une envie compréhensible à une période charnière dans une carrière professionnelle ou le changement de statut implique de nouvelles fonctions. La nécessité de formation devient alors prégnante afin d’assurer cette prise de responsabilités et asseoir pleinement son rôle.
Il est intéressant de constater que la flexibilité du travail n’a pas seulement à voir avec la mise à disposition de technologies adéquates permettant aux salariés de travailler à distance de façon fluide et intuitive, mais qu’elle est aussi très liée à la culture d’entreprise et la culture managériale française. Alors que le télétravail fait figure de normalité dans les pays scandinaves depuis plusieurs années, nos entreprises doivent changer leur vision du travail et de la productivité, afin de se libérer de leurs réticences et prendre le pas technologique qui les inscrira dans les pratiques professionnelles de demain.